La Presse

Article de Charlie Hebdo du 19 février.
https://charliehebdo.fr/2025/02/religions/christianisme/communaute-des-beatitudes-agressions-sexuelles-une-victime-temoigne/


Article du Canard Enchainé du 26 février. 
https://www.lecanardenchaine.fr/societe/50204-bayrou-beat-face-aux-derives-sectaires-des-beatitudes-de-nay


Article du quotidien la Croix  du 26 février.  

Abus dans l’Église : du côté des victimes, des questions encore en suspens

https://www.la-croix.com/religion/abus-dans-l-eglise-du-cote-des-victimes-des-questions-encore-en-suspens-20250331 

De Gonzague de Pontac et Matthieu Lasserre 

 Analyse 

 La Conférence des évêques de France organise une session spéciale, lundi 31 mars et mardi 1er avril, pour faire un état des lieux sur la lutte contre les violences sexuelles dans l’Église. Communautés en marge des instances, abus spirituels, prêtre décédé... Si de nombreuses mesures ont été prises depuis la Ciase, il reste des angles morts et des questions irrésolues pour de nombreuses victimes. 

Les communautés en marge des instances officielles 

Comment faire quand la communauté où l’on a subi des violences n’adhère pas aux instances de réparation mises en place par l’Église ? C’est le cas de Myriam Remy, ancienne membre de la communauté des Béatitudes qui a refusé d’adhérer à la Commission reconnaissance et réparation (CRR), créée en 2021 pour les victimes du monde religieux. 

N’étant pas un institut religieux, mais une « famille ecclésiale de vie consacrée », les Béatitudes ne relèvent pas d’office de la CRR. La communauté aurait toutefois pu y adhérer, comme cela le lui a souvent été demandé et comme l’ont fait d’autres communautés. Son choix s’est porté sur une instance de son cru, le dispositif indépendant d’accueil et de médiation (Diam), opérationnel depuis janvier 2024 et dont la raison d’être était justifiée par l’ambition de « reconnaître et accompagner aussi les abus spirituels ». Une source interne, qui aurait souhaité une adhésion de sa communauté à la CRR, estime pour sa part que celle-ci a peut-être eu « peur d’un effet boule de neige » et a été « mal conseillée ». 

« Dès le début, on savait que ce serait difficile, car ça impliquait de faire à nouveau confiance aux Béatitudes a priori, explique Myriam Remy, cofondatrice d’un collectif de victimes. Mais je me suis dit : si on n’y va pas, on va nous le reprocher. » Un an après, elle dénonce un processus « opaque » (« on ne connaît pas leurs financements », « on me parle mal », « c’est toujours nous qui devons relancer »…) qui l’a laissée dans la « détresse ». Selon elle, « c’est une manière habile d’afficher leur bonne volonté tout en décourageant les victimes ou en les faisant taire avec une clause de confidentialité ». 

Ce point constitue une différence nette avec les deux instances officielles de l’Église de France (l’autre étant l’Inirr). Dès le premier entretien téléphonique, les interlocuteurs de Myriam insistent en effet lourdement sur la confidentialité, y compris la sienne. Les victimes doivent ensuite s’engager à ne 

« rien dévoiler du processus », dans les médias ou pour toute procédure. « À la CRR, ils ne font pas signer ce genre de texte, car ils savent que ça fait du mal aux victimes », s’indigne Myriam Remy. Pour la coordinatrice du Diam Clotilde Beylouneh, il s’agit pourtant d’une modalité classique de toute médiation, afin de « favoriser la liberté des échanges », ce que confirme un avocat spécialisé dans ces affaires, qui y voit « un principe essentiel de la médiation ». 

Du côté de la CRR, « on n’exige rien de la part des personnes victimes, ni confidentialité, ni engagement de quelque sorte que ce soit », explique Anne de Richecour, déléguée générale. Et ce pour ne pas « de nouveau les bâillonner au moment même où ils peuvent enfin parler ! ». 

 

► La difficile caractérisation des abus spirituels 

« Tant que ce n’est pas sexuel, l’Église n’aborde pas, on a l’impression qu’elle ne sait pas quoi faire. » Tel est le constat amer qu’a fait Philippe (son prénom a été changé) après avoir dénoncé des 

« agissements répétés d’abus spirituels » de la part du curé de sa paroisse sur sa fille majeure. Au fil des mois, il a rassemblé les témoignages d’une cinquantaine de personnes, portés à la connaissance du diocèse et de la communauté dont le prêtre est issu. « Mais ils ne sont pas équipés ! », regrette le quinquagénaire. 

Isabelle Chartier Siben, qui accompagne des victimes depuis plus de trente ans au sein de l’association « C’est à dire », confirme cette difficulté de l’Église face aux phénomènes d’emprise. « L’abus spirituel, ou de conscience, est extrêmement difficile à caractériser, surtout si la victime est majeure, explique cette spécialiste en droit des victimes. Au niveau pénal, on peut s’appuyer sur l’abus de faiblesse et le harcèlement moral. C’est la multiplicité des cas qui va permettre de détecter l’abus. »